Vienne vaut bien une séance

Vienne a beau se targuer d’être la capitale historique de la psychanalyse, la propension des hommes d’État autrichiens à mourir assassinés dans un divan laisse songeur. Le visiteur du Heeresgeschichtliches Museum, traduire le Musée d’histoire militaire de Vienne [1], pourra ainsi se recueillir devant le sofa sur lequel l’archiduc Franz Ferdinand von Österreich-Este expira, transpercé par des balles serbes, le 28 juin 1914. L’héritier présomptif de la double monarchie austro-hongroise nourrissait de vastes projets de réforme pour l’Empire, dont on ne saura jamais s’ils lui eussent redonné une deuxième jeunesse [2]. Sans l’attentat de Sarajevo, François-Ferdinand aurait succédé à son oncle l’empereur François-Joseph en 1916 et alors… Avec ses deux trous d’épingle auréolés de sang au niveau de la poitrine, nul besoin d’afficher la nostalgie d’un Kaiserschützen tyrolien pour voir dans son uniforme de parade, posé à plat sur une table vitrée, une sainte relique. Rendue célèbre par l’hebdomadaire L’Illustration, l’automobile découverte Gräf & Stif Double Phaeton dans laquelle François-Ferdinand et son épouse la duchesse de Hohenberg traversèrent la capitale bosniaque est là elle aussi, rangée derrière une barrière de corde. Les impacts sur sa carrosserie témoignent du tragique événement, qui devait en entraîner tant d’autres.

La suite de cet article dans le n°149 du magazine Eléments (octobre-décembre 2013, 96 p., 5.95 euros sur commande)


[1] www.hgm.or.at
D’une architecture imposante, le musée est installé dans les bâtiments de l’ancien arsenal de Vienne.

[2] Pour plus de développements sur ces réformes, on lira avec profit la biographie de Jean-Paul Bled, François-Ferdinand d’Autriche, parue chez Tallandier en 2012.