Le Polémarque répond aux questions du blog Guerres-et-conflits

Rencontre avec un éditeur

Prenons la route de l’Est de la France aujourd’hui, pour rencontrer un petit éditeur ayant fait le choix d’une politique de publications tout-à-fait originale.

 

Question : Pouvez-vous nous présenter votre parcours personnel et comment vous en êtes venu à créer une maison d’édition ?

Réponse : Je suis venu à l’édition par étapes. J’ai fait mes premières armes en tant que directeur de publication d’une revue diffusée en librairie, laquelle s’est enrichie au bout d’un an d’un hors série au format livre, réunissant sous le titre Écrits afghans, trois merveilles de textes de Jean-Jacques Langendorf devenues introuvables. Aujourd’hui la revue a vécu mais le Polémarque poursuit son petit bonhomme de chemin. Avant cela j’avais déjà commis quelques livres et publié bon nombre d’articles, une activité que je continue de mener en parallèle. Quand on est un passionné, on édite toujours ce qu’on a envie de lire soi-même. Dans mon cas, ce sont des livres traitant d’histoire militaire, de tactique et de stratégie. La formule associative, plus souple, moins contraignante en termes de gestion financière et de gestion des stocks, m’a permis de trouver assez vite mon équilibre. Un bon infographiste, un bon imprimeur, un bon webmestre et le tour est joué. Quatre-vingt dix pour cent des ventes du Polémarque se font en ligne. Là aussi ma vie d’éditeur en est grandement facilitée.

Question : Quels sont les axes de votre politique éditoriale et comment sélectionnez-vous les manuscrits que vous publiez ?

Réponse : L’ambition n’a pas dévié, elle figure toujours bien en vue sur la page de garde du site Internet : « POLÉMARQUE : dans l’Antiquité grecque, magistrat militaire, commandant en chef des armées élu par les citoyens (polémarkhos = chef de guerre). / Manuels tactiques, traités de stratégie, histoires de soldats : / livre après livre, Le Polémarque resserre les liens distendus entre le lecteur et l’esprit de défense. / Parce que le citoyen, c’est d’abord celui qui porte un fusil ! / » Cela s’est traduit jusqu’ici de deux manières : par la mise à disposition des lecteurs de textes inédits ou devenus rarissimes à portée pratique (Frick, Rommel) et par la publication d’essais volontiers novateurs, quand ce n’est pas hétérodoxes (Waroch, Wicht). Le Polémarque va continuer sur sa lancée, tantôt exhumant des textes enfouis qui n’ont rien perdu de leur valeur (Jomini, von Dach, Sanguinetti), tantôt donnant la parole à des chercheurs aux points de vue originaux. Les actes du colloque « Conflits en zone urbaine » de l’Institut Genevois d’Études Géopolitiques, que le Polémarque publiera en avril, devraient ainsi contenir quelques contributions, dont celle du général Desportes, pour le moins iconoclastes quant à la situation actuelle, et pas seulement en Afghanistan.

 

Question : Accordez-vous une place particulière aux jeunes chercheurs ?

Réponse : Votre question tombe à point nommé ! J’en profite donc pour vous annoncer la parution imminente aux Éditions le Polémarque de Comment l’Occident pourrait gagner ses guerres de Pierre-Marie Léoutre. Lieutenant de gendarmerie passé par l’École de l’Air en 2006, P-M Léoutre n’a pas trente ans. À mon sens, le Polémarque est la structure éditoriale idéale pour ce genre de publication, brève (une centaine de pages) et pertinente. D’autres projets « jeunes » prennent tournure en ce moment, dont deux avec des historiens suisses à suivre, élèves de Jean-Jacques Langendorf : Nicolas Gex, spécialiste de l’antiquité romaine, et David Auberson, spécialiste des guerres du 19e siècle.  Si le Polémarque peut servir de tremplin à de jeunes chercheurs qui peinent à convaincre des maisons plus grosses, alors allons-y. Comment l’Occident pourrait gagner ses guerresconcourra par exemple au prix des Experts de la gendarmerie 2013.

Question : Quels sont vos projets de développement à court et moyen terme et comment voyez-vous l’avenir (à horizon visible) de l’édition de livres d’histoire militaire ?

Réponse : À court terme bien sûr, l’accélération du rythme des parutions et le développement du catalogue. Pourquoi pas, monter une voire deux collections, en partenariat avec un autre éditeur ou dirigée par un bon connaisseur du sujet ? 2014 verra déferler les ouvrages sur la Première Guerre mondiale, centenaire oblige, et le Polémarque ira de sa petite contribution avec deux rééditions commentées. À moyen terme, peut-être le passage par un diffuseur quoique je ne sois pas pleinement convaincu des avantages de cette démarche pour une structure de la taille du Polémarque. L’objectif, partagé par tous les éditeurs, reste le même : obtenir une meilleure visibilité en librairie. J’ai aussi dans l’idée d’ouvrir une section open source sur le site du Polémarque, où viendraient se loger des « curiosités ». Le choix est infini : manuels illustrés de close combat des années cinquante, recueil d’articles du général von Seeckt, traductions diverses, etc., etc. Pour ce qui est de la deuxième partie de votre question, sans prétendre rivaliser avec le monde anglo-saxon, je crois que l’avenir de l’édition militaire en France est assuré, tant par le sentiment grandissant de « bellicisation » des relations internationales (voyez le succès des atlas géopolitiques) que par le retour en grâce, mais peut-être est-ce lié, de l’histoire-guerre, même timide, à l’université. Après tout, ne dit-on pas que la guerre est l’ultime forme de commerce entre les hommes ?

 

Question : Votre catalogue ne cesse de s’enrichir, jusqu’aux droits que vous avez obtenus sur le dernier van Creveld ! Une autre info relayée sur le Net annonce la prochaine parution au Polémarque des Œuvres complètes du major Fuller. Où donc le Polémarque s’arrêtera-t-il ?

Réponse : C’est une boutade bien sûr mais il est vrai que j’aspire, dans la limite de mes moyens, à faire du Polémarque une édition de référence. Pas par le nombre des publications, juste par la qualité des livres proposés. Que le petit personnage qui orne les couvertures devienne une sorte de label. « Notre route est droite, mais la pente est forte », comme dirait l’autre !

Merci pour toutes ces précisions, ces annonces alléchantes et ce dynamisme. A très bientôt.

Source : guerres-et-conflits.over-blog.com

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