L’Armée anglaise en Afghanistan, 1842

Extrait de la préface

L'Armée anglaise en Afghanistan, 1842“Revoici publié une seconde fois de ce côté-ci de la Manche le journal de guerre du lieutenant artilleur (à cheval) Vincent Eyre, 1811-1881, officier de Sa Majesté la reine Victoria, détaché au service de la Compagnie des Indes orientales au Bengale, du temps où la société anonyme était un empire dans l’Empire et son administrateur Gouverneur Général des Indes. Cette précision d’emblée pour constater combien, depuis 1757 et la malheureuse bataille de Plassey, qui consacra notre perte d’influence dans la péninsule indienne, les Français se sont détournés de ce théâtre – exception faite du plan hâtif de conquête terrestre évoqué par le tsar Alexandre Ier et Napoléon à Tilsit en 1807, resté sans suite, ainsi que le traité de paix du même nom. Ce journal s’inscrit dans le contexte particulier de la première guerre anglo-afghane, dans les faits une guerre d’occupation menée par l’armée du Bengale de 1839 à 1842 afin de s’assurer la domination de l’Afghanistan voisin face aux prétentions hégémoniques de la Russie, chacune des deux puissances cherchant à damer le pion de l’autre sur le vaste échiquier centrasiatique. Ce que bientôt diplomates et journalistes ne désigneront plus que par l’expression métaphorique Great Game, en français le Grand Jeu. À presque cent soixante-dix ans d’écart, le qualificatif de « rebelles » utilisé par le lieutenant Eyre pour parler des tribus demeurées fidèles à leur émir résonne singulièrement à nos oreilles. L’oublierait-on ? Les forces armées britanniques livrent en ce moment même leur quatrième guerre afghane, après celles de 1839-1842, 1878-1880 et 1919. Et l’intérêt du public anglophone pour ces conflits passés ne se dément pas, en atteste la vitalité de l’édition militaire dans les pays anglo-saxons. À eux seuls, les mémoires du lieutenant Eyre ont connu pas moins de huit rééditions anastatiques sur les dix années écoulées, dont la dernière en date, parue en 2011, revient à la prestigieuse British Library. C’est dire si le document qu’on va lire peut être considéré à bon droit comme un classique de la littérature militaire…”

Lieutenant Vincent Eyre, L’Armée anglaise en Afghanistan 1842, Paris, Bernard Giovanangeli Éditeur, présentation et notes de Laurent Schang, 2011, 173 p., 18 euros.