blogdefense tresse des lauriers au Bréviaire tactique de Hans Frick

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BRÉVIAIRE TACTIQUE

Publié le  par Dimitry Queloz

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FRICK, Hans, Bréviaire tactique, Nancy, Le Polémarque, 2011, 130 pages

Officier de carrière de l’armée suisse, le colonel-divisionnaire Hans Frick (1888-1975) a été instructeur d’infanterie jusqu’en 1929, chef de la section instruction à l’EMG (1930-1938), sous-chef d’état-major front de l’EMG (1938-1939), commandant de la 7e division (1941-1944) et chef de l’instruction de l’armée (1945-1953). Auteur d’écrits nombreux et variés, notamment le règlement de service de 1933 et le règlement sur la conduite des troupes de 1951, Frick n’a publié qu’un seul livre, le Bréviaire tactique. Cet ouvrage est paru en allemand en 1943 avant d’être traduit en français l’année suivante par le major Ed. Bauer, professeur à l’université de Neuchâtel et historien militaire. Il connaîtra également une traduction en espagnol, tandis qu’un projet en anglais ne sera finalement pas mené à terme.

La présente édition comprend le texte en français et la préface de 1944, un avant-propos de Pierre Streit, directeur scientifique du Centre d’Histoire et de Prospective Militaires (CHPM) de Pully, une préface de Jean-Jacques Langendorf, écrivain et historien bien-connu de la pensée militaire, et des commentaires d’Alain Baeriswyl, officier instructeur d’infanterie et spécialiste des méthodes d’instruction au tir, et de François Villard, expert en sécurité aérienne et directeur de la société Air Safety Security Services.

Le Bréviaire tactique est un ouvrage court – moins d’une centaine de pages – articulé en treize chapitres. Cette concision découle des circonstances – Frick écrit pendant la guerre – de la personnalité et des qualités de rédacteur de l’auteur – il a toujours écrit des ordres brefs et clairs – et de la volonté d’exclure tout ce qui a trait aux procédés et aux circonstances particulières de l’époque. Le texte, qui n’est pas un manuel de tactique, “se contentera donc de poser les principes tactiques qui conservent un caractère permanent et qui, tout compte fait, demeurent valables en vue du combat, quel qu’il soit”. Soulignons encore les talents pédagogiques de Frick. La concision et le style lapidaire du texte en rendent la lecture rapide et facile. Les phrases courtes, sonnant souvent comme des aphorismes (“Il n’existe ni ne saurait jamais exister de fortifications imprenables.”), marquent fortement le lecteur.

Frick s’inspire de ses expériences personnelles, commandements de troupes et enseignements dans diverses écoles, et puise dans l’histoire. Sa référence principale est Clausewitz, qu’il cite d’entrée de jeu (“La guerre, selon Clausewitz, n’est que la continuation de la politique, à l’aide d’autres moyens.”). Frick insiste en effet sur l’importance de l’homme (“L’homme constitue et demeurera toujours le moyen de combat par excellence.”) et de son caractère, sur les aspects moraux de la guerre (“Les lois de la guerre sont simples. Mais, dans la réalité du combat, il arrive souvent qu’elles se contredisent. Une âme faible succombe au milieu de l’accumulation de leurs exigences contradictoires, et seul un caractère d’airain, uni à une pensée claire et ferme, se trouve capable de discerner à laquelle il convient de donner la préférence dans chaque situation, ou encore jusqu’à quel point il convient d’établir un compromis entre elles.”), sur la destruction de l’adversaire (“Le but du combat, c’est la victoire, c’est la destruction de l’ennemi.”). Comme le souligne Jean-Jacques Langendorf, Jomini est cependant aussi présent, par la simplicité et la clarté des idées, l’insistance sur les aspects immuables des principes de la stratégie et le rôle des combinaisons.

Le Bréviaire tactique constitue un ouvrage important dans l’histoire de la pensée militaire suisse, par sa clarté, sa concision et la qualité de son contenu tout d’abord; par le fait aussi que les publications militaires helvétiques sont relativement rares dans ce domaine; enfin parce qu’il est traduit dans une deuxième langue nationale, ce qui le rend accessible à une majorité. Certains pourraient toutefois lui reprocher de trop négliger les armes modernes, chars et aviation, et de s’en tenir presque exclusivement à la guerre classique.