Une nouvelle Guerre de Trente Ans ?
« La crise de la zone Euro est sans doute le chant du cygne de la Modernité occidentale, l’UE représentant l’ultime avatar de la construction étatique moderne avec sa bureaucratie supra-étatique et son centralisme à l’échelle continentale. Et, dans l’immédiat, la crise devrait encore renforcer ce centralisme bureaucratique ; la Commission s’est fait donné le mandat (certes temporairement limité) d’un contrôle économique des États membres et, de facto, un droit de regard dans la politique budgétaire des États membres. Ceci signifie un renforcement considérable du pouvoir supra-étatique de l’UE. Mais, paradoxalement, ce renforcement représente probablement l’épilogue de l’histoire de l’État moderne, le dernier acte d’une pièce qui s’est jouée pendant environ 500 ans, le dernier coup d’éclat d’une institution sur le déclin. »
Bernard Wicht est privat-docent à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne. Ses travaux portent essentiellement sur la stratégie et la pensée militaire. En parallèle, ses activités professionnelles l’ont mis en contact étroit depuis près de vingt ans avec les institutions européennes et les autres organisations internationales présentes en Europe.
Auteur : Bernard Wicht
Nb pages : 60 pages
N° ISBN : 978-2-9529246-4-1
Présentation par Christophe Réveillard
Université Paris-Sorbonne (Paris-IV), directeur de séminaire de géopolitique au Collège interarmées de Défense (CID – École militaire)
La puissance américaine face aux cycles hégémoniques : l’hypothèse Wicht
Extrait. Nous assistons actuellement chez nombre d’observateurs à une sorte de réactualisation de la théorie des cycles hégémoniques en raison de l’évolution apparemment conforme à ce cadre d’analyse de la puissance mondiale américaine sous le triptyque ascension/domination/déclin. L’extrême difficulté de nos contemporains à assimiler les notions d’espace civilisationnel, de temps long, pour apprécier l’ampleur des phénomènes historiques (et leurs leçons pour le présent), les entraîne à ne considérer la question que sous l’angle très individualiste, voire égotiste, de savoir à quel moment de l’évolution du cycle ils se situent eux-mêmes d’une part, et, devant le gouffre d’anxiété que cette question et sa réponse éventuelle leur révèlent, de contester la pertinence de cette théorie, de l’autre. L’étude de la théorie des cycles hégémoniques, entremêlant l’économie, la politique et les conflits qui s’y rapportent, a donc pris la forme, à l’époque qui est la nôtre, d’une radiographie de la puissance américaine relativement au reste du monde, pour paraphraser Zbigniew Brzezinski.