Waterloo : champ de carnage

éléments n°150Un champ de carnage. Pour saisissante qu’elle soit, l’image ne surprend pas davantage le lecteur lorsqu’il s’agit de Chateaubriand. Lequel René évoque en ces termes la bataille de Waterloo dans ses Mémoires d’outre-tombe, sans y avoir jamais pris part ni même assisté . Le destin voulut qu’il entendît le début de la canonnade, posté sous un arbre à l’entrée de la ville de Gand, un exemplaire des Commentaires de César à la main. À en croire le génie des lettres françaises, son émotion ne fut pas moins vive que celle des combattants jetés dans la mêlée, heureux hommes inconscients, contrairement à lui, des enjeux cruciaux de la partie. S’il n’en souffle mot, il est toutefois peu probable que le vicomte resta figé de la sorte, les oreilles aux aguets et le cœur au bord des yeux, les quelque neuf heures que dura la bataille.
Mais que la même image, ce « champ de carnage », se retrouve sous la plume d’un obscur officier anglais, acteur chanceux d’événements qu’il relata aux siens , et celle-ci prend tout de suite une autre épaisseur historique. La coïncidence n’étant pas douteuse, force est de constater que la littérature rend ici mieux justice à la réalité des faits qu’une aimable visite des lieux.

La suite de cet article dans le numéro 150 du magazine Eléments (janvier-mars 2014, 62 pages, 5,50 euros sur commande)